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Le temps de te dire adieu

1024 576 Vivre son deuil

Parution en avril 2023

Avec Le temps de te dire adieu (Grasset), Gaëlle Pietri adresse une lettre posthume à son ex-compagnon Gaspard Ulliel. Tout en délicatesse, elle y raconte le deuil et l’amour à travers des fragments de vie.

Elle a partagé pendant 7 ans la vie de l’acteur Gaspard Ulliel, avec qui elle a eu un fils. À la suite de l’accident qui lui a coûté la vie, elle prend la plume pour la première fois et publie Le temps de te dire adieu.

 

C’est une nouvelle qui a agité la France entière en janvier 2022 : à 37 ans, l’acteur Gaspard Ulliel meurt à la suite d’un accident de ski. Il laisse derrière lui un fils, Orso, qui vient de fêter ses 6 ans et à qui sa mère, Gaëlle Pietri, doit annoncer la terrible nouvelle. Gaspard et elle ne sont plus un couple, alors elle s’interroge : quelle place a-t-elle dans ce deuil ? Plus d’un an après le drame, elle adresse une lettre testament à celui qu’elle a aimé, entre confidence et pudeur. En racontant les événements vécus ensemble et la douleur laissée par la disparition, Gaëlle Pietri dresse le portrait d’un homme unique.

Cette lettre est aussi une réflexion, autant intime qu’universelle, sur le deuil. L’indicible chagrin peut-il être surmonté ? En prenant la plume, Gaëlle Pietri, pourtant persuadée d’être inconsolable et de toujours rester inconsolée, doit reconnaître la dimension apotropaïque, « qui conjure le mauvais sort », de son récit. L’écriture et sa puissance rédemptrice lui permettent en effet de reprendre un dialogue interrompu entre elle et Gaspard, et de lui adresser un dernier adieu.

En filigrane, transpire l’amour porté à Orso, leur fils commun. Autant adressée à Gaspard Ulliel qu’à ce dernier, la lettre se fait le relais de l’héritage d’un père laissé à son fils. Fruit de leur amour, le jeune garçon marche dans les pas d’un homme qui, malgré sa disparition, ne finit pas de vivre en chacun de ceux qui l’ont aimé.

« Je ne veux pas m »enfermer dans l’amertume et c’est la raison pour laquelle je t’écris aujourd’hui. Pour notre fils, je voudrais laisser un souvenir de toi immaculé. Je me retrouve seule avec ce petit garçon qui te ressemble tant, qui me pose des questions auxquelles je devrai répondre, à qui je dois de détourer ton souvenir, le mettre sous cloche, qu’il puisse y plonger quand il le voudra. Je ne cherche pas à gaspiller les douleurs ni à les décupler. Dans ce paysage sinistre du deuil, ne pas en rajouter. J’aimerais parfois te faire rire. Serais-je capable de faire rire un mort ? De sublimer la perte dans cette lettre ? Ou ne pourrais-je que la montrer dans toute sa cruauté ? Peut-être est-ce une entreprise cathartique : décrire précisément ma peine pour cesser d’être gouvernée par elle. Il y a aussi ces moments où je suis en colère contre toi et je voudrais crier. Tu m’as quittée deux fois. Tu es mort deux fois. Une partie de moi avec.  »

« En t’écrivant je ne fais rien d’autre qu’un tombeau, un tombeau pour toi, Gaspard. Encore une chose que j’ai apprise récemment : le tombeau n’est pas que le monument funéraire élevé sur une tombe pour commémorer le souvenir d’un mort, c’est aussi une oeuvre poétique ou une oeuvre instrumentale composée à la mémoire d’un artiste. Le Larousse cite Le Tombeau de Charles Baudelaire par Mallarmé ou Le Tombeau de Couperin par Ravel. Tu vois comme on se cultive quand on est malheureux ? Mais le tombeau est aussi la raison de la fin Le tombeau de notre amour. »